De sa voix rauque de mauvais garçon des bas-fonds de Buenos- Aires, Melingo chante un tango contemporain empreint de blues, de milonga et de folklore, un « prototango » comme il le nomme, qui utilise le lunfardo, argot hérité des prisons et des gens de la rue. Loin du « tango de salon », celui de Melingo est brut et célèbre un monde de voyous et de filles légères, qu’il interprète sur scène avec une impressionnante intensité.
Fidèle aux origines d’un genre musical né dans les bordels d’Amérique latine, il le métisse à sa manière à lui, le petit-fils d’une Autrichienne et d’un Grec, en ajoutant aux instruments traditionnels un bouzouki qui jette un pont vers le rebetiko, blues grec des années 20 chanté par les taulards et les fumeurs de haschisch. Et lorsqu’il empoigne sa clarinette sur scène, on entend des échos klezmers…
L’homme au chapeau, dandy vêtu de noir comme tous les vrais tangeros, met « en poésie et en musique les oubliés de la société », rendant ainsi hommage à sa jeunesse passée dans les faubourgs de Buenos-Aires. Il y a côtoyé tous les personnages de ses chansons, objets de tendresse et sources inépuisables de son inspiration : « Dans ces quartiers, il suffit de pousser une porte pour trouver une histoire à mettre en musique ». Mélange de tristesse et d’allégresse, de gouaille et de lyrisme, de romantisme et d’ironie, Melingo incarne l’essence du tango.
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