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La voix dans tous ses éclats !

Shabdam ou l’universalité de la musique

Abbaye de Flaran (Valence-sur-Baïse)

Rien n’était plus naturel que le week-end des OVNIS se termine à Flaran avec le trio Shabdam, formé pour l’occasion autour du musicien universel qu’est Ravi Prasad, ce radja issu d’une longue lignée de musiciens sacrés du Kerala, au sud de l’Inde.

Arrivé en France en 1985 pour l’année de l’Inde, ce maître en flûte, en percussions et en chant n’est jamais reparti, ayant rencontré sa femme lors de ce voyage professionnel. Ravi Prasad s’intéresse très vite au jazz, à la musique contemporaine et électro acoustique, collaborant avec Bernard Lubat, Gérard Marais, Pedro Soler et bien évidemment André Minvielle…
L e trio a priori improbable qu’il a formé pour ce concert unique avec Fouad Achkir de tradition marocaine et Jakes Aymonino de tradition occitane, est au contraire d’une grande pertinence. Avec connivence et une superbe habileté vocale, les trois musiciens se croisent et se rencontrent à travers leurs traditions différentes plus qu’ils ne s’affrontent, poursuivant avant tout le même but, celui de l’harmonie et de la sérénité par le chant.

À contre courant des idées reçues

Au-delà des langues, des religions et des traditions, seules la musique et la danse permettent une telle union et cela dure depuis que l’humanité s’est constituée en sociétés. Molière nous le rappelle de façon parodique dans le « Bourgeois Gentilhomme », mais malgré la mode du temps, sa turquerie est déjà une expression des goûts réunis. Et que serait notre civilisation occidentale sans les apports capitaux de la période arabo andalouse du VIIIe au XVIe siècle, ainsi que les frottements parfois violents de deux mondes aux temps des croisades ? Contrairement à ce que nous racontaient les histoires officielles et nationales, ces siècles de combat et d’échange furent des plus enrichissants pour notre civilisation. Outre les mathématiques, l’architecture et d’innombrables apports végétaux, à commencer par nos chères roses, que serait notre musique sans l’épopée du Roland furieux et ses démêlés avec la magicienne Armide ? Nous serions privés d’une partie du répertoire baroque, de Monteverdi à Haydn, en passant par Lully et quelques autres… À l’opposé des inepties identitaires actuelles et du dangereux replis communautariste, le mélange représente une source inépuisable de vie et d’inspiration. Aucun esprit humaniste ne peut sérieusement soutenir le contraire !
Dès les premières notes, une atmosphère orientale s’installe avec une utilisation importante du mélisme tandis que les chanteurs s’accompagnent d’une sorte de cithare à deux ou trois cordes, d’une flûte et de percussions. La couleur sonore est méditerranéenne avec de larges escapades sur les rives de l’Océan Indien.

Du souffle premier à la rythmique corporelle

Des jeux rythmiques parodient des conversations passionnées que l’on imagine sur les opulents marchés orientaux ou au bivouac dans les oasis de la route de la soie. À défaut de comprendre chaque langue utilisée, on reconnaît la célèbre expiration christique sur la croix : « Eli, Eli, lama asabthani ? » (Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?) On apprécie un travail permanent sur les modulations de la voix qui offrent des registres très étendus avec de magnifiques harmonies.
Des rythmiques de mains évoquent les palmas du flamenco, mais ils jouent aussi sur les résonances possibles de toutes les parties du corps de façon à ce qu’il devienne aussi instrument, au-delà de la voix. Il y a une influence chamanique dans ces méditations et ces invocations et nous ne sommes pas surpris lorsque Ravi Prasad embouche une guimbarde, l’un des plus anciens instruments de musique au monde. Et à Éclats de Voix, l’utilisation de cette lamelle métallique nous évoquera pour toujours l’extraordinaire virtuosité du Dr Tran Quan Haï, qui nous l’a révélée en 1998 avec les mystères du chant diphonique.
Cette démarche musicale humaniste nous fait penser au travail en profondeur de rencontre entre les civilisations que réalise Jordi Savall depuis plusieurs années. Il y a beaucoup de l’esprit d’Assises dans cette ouverture à l’autre, qui heurte tant tous les intégristes. Nous ne le dirons jamais assez, la musique est un langage universel qui rassemble les hommes ! Outre un grand bonheur auditif, c’est ce que nous retenons de ce concert, qui prend tout son sens dans l’abbatiale de Flaran.
Pour ne pas demeurer ignares, sachons que Shabdam signifie le mot. L’élaboration des paroles y est donc privilégiée. La légende nous dit que Shiva porte le Gange dans ses cheveux afin de gagner la force de sa coulée lorsqu’elle descend sur terre. Cela rendit Parvati très jalouse et pour l’apaiser Shiva lui donne la moitié de sa forme, de sorte que sa moitié devint féminine, l’autre demeurant masculine. Dans cette danse Parvati danse les mouvements "lasya" de nature féminine et Shiva danse les mouvements Tandava (de nature masculine), pour finir en dansant ensemble leur fusion cosmique. Une explication comme une autre et sans avoir attendu le Dr Freud de l’ambivalence qui est en chacun de nous !

Belmonte